Récolte

Case IH : L’Europe aura sa grosse Axial Flow

S’il y a bien un sujet qui a fait couler de l’encre cette semaine, c’est l’annonce du lancement de la toute nouvelle Case IH Axial Flow AF11. Et ce n’est pas uniquement par ses mensurations gargantuesques qu’elle fait réagir, mais plutôt par ce qu’elle cache sous ses capots. Quelques explications et un complément d’informations s’imposent.

Depuis 45 ans, l’Axial Flow s’anime d’un seul rotor longitudinal. Une spécificité technique, une cinématique simple, une efficacité au service des performances et qui se traduit par un entretien quotidien limité et un coût d’utilisation particulièrement intéressant. Intergénérationnelle, la machine a ses adeptes depuis ses origines aux quatre coins du globe, allant parfois à contre-courant de la tendance sur certains marchés. Des utilisateurs qui aimeraient sans doute que le concept américain original ne soit pas complètement bouleversé, ou mis sous perfusion par les experts de l’usine de Zedelgem en Belgique. En somme, que la marque ne touche pas au sacro-saint mono-rotor! En 2003, soit moins de 4 ans après le rachat de Case IH par Fiat New Holland naissait l’AFX, héritière du concept Axial mono-rotor. Une machine qui accompagnait le changement de millénaire avec un gabarit redimensionné, un rotor plus grand et un caisson de nettoyage auto-nivellant, pour avaler des largeurs de 9 mètres et plus, et qui sera partagé avec New Holland, pour développer sa double-rotors CR. Cette dernière hérite quant à elle du concept Twin-Rotor, l’ennemi des premières heures, né 4 ans avant l’Axial Flow. 

Deux rotors chez Case IH, du déjà vu?

Si les expérimentations se font en toute confidentialité dans les environs de East Moline (Illinois), de 1969 à 1979, à quelques encablures de l’usine concurrente de John Deere, les ingénieurs de IH expérimentent plusieurs prototypes. Certains seront basés sur des machines à secoueurs série 15 (715 notamment) et auront même deux rotors. Plus compliqué à mettre en oeuvre, plus énergivore et moins performant à l’époque, ce double cylindre servant au battage et à la séparation sera vite abandonné, pour n’en retenir plus qu’un.

Bien plus tard, en 1997, Case IH rachète l’allemand MDW, successeur de Fortschritt. Si ce dernier est surtout réputé pour ses machines à secoueurs, il a conçu une machine pour le moins clivante, car dotée d’une direction avant. Case IH va investir dans ce concept doté de… deux rotors positionnés en long et précédés par un tambour transversal ! Un concept à l’avant-garde qui fera déjà couler beaucoup d’encre, d’autant que Case IH intégrait en plus à son catalogue des machines à secoueurs. Mais ne pouvant pas courir deux lièvres à la fois, le choix de la raison, de la rentabilité et des performances et le rachat de la marque par Fiat New Holland en 1999 l’emportent. La marque finira par livrer 4 ans plus tard son AFX 8010, une machine qui tracera les grandes lignes du nouveau concept Axial Flow pour les décennies à venir. 

Une stratégie indispensable

21 ans après l’AFX 8010, Case IH s’apprête à franchir une nouvelle étape. Le développement mené bras dessus, bras dessous entre les ingénieurs des deux marques du groupe CNH Industrial va donner naissance à une machine dite de classe 10+ (parlons même de classe 11 compte tenu de son dimensionnement et de sa puissance). Plus clairement, qu’elle soit rouge ou jaune, celle qui revendique des pertes quasi nulles et des performances bien au delà de tout ce qu’on a pu constater jusqu’alors (rendez-vous cet été aux champs!) ne mise pas sur une conception simplement élargie, des composants gonflés au botox, ou un allongement du châssis, mais sur une reconstruction intégrale du concept de battage et une cinématique inédite et particulièrement intéressante. Nous vous invitons d’ailleurs à lire ou relire le sujet en question

Un développement parti d’une feuille blanche au coût pharamineux (ndlr: rien que la partie R&D et la chaîne de fabrication à Zedelgem ont nécessité une enveloppe de 150 millions d’euros) ne peut être rentabilisé que grâce à des volumes de vente suffisants. La stratégie du groupe CNH Industrial, de proposer la New Holland CR11 (produite à Zedelgem en Belgique) sur l’ensemble des marchés et la Case IH AF11 (construite à Grand Island aux États Unis) plutôt en Amérique du Nord est évidente et même vitale pour pouvoir leur donner une suite industrielle dans les années à venir et même pouvoir continuer à vous proposer des « petites » Axial Flow mono-rotor. Case IH est à l’Amérique ce que New Holland est à l’Europe. C’est d’abord culturel, chacun ayant son histoire et ses modes de distribution, mais aussi structurel et c’est un choix qui permet à chacun de ne pas empiéter sur les platebandes de l’autre, en théorie. Chacun a son marché.

Avec l’AF11, il ne s’agit donc pas de bafouer les relations de confiance instaurées depuis 45 ans avec les utilisateurs adeptes du mono-rotor mais de proposer l’arme ultime pour ceux qui seraient tentés de passer un cap, et pourraient fatalement passer du côté obscur; en quittant le pavillon rouge. Les Axial Flow séries 160 et 260 récemment introduites restent d’ailleurs produites. Elles représentent l’essentiel de la production de Grand Island et devraient continuer à faire perdurer cette usine. Elles ne visent pas la même clientèle, d’abord par leurs performances mais surtout par leurs tarifs. La nouvelle AF11, bien que supérieure en capacités générales et en puissance, a plutôt en ligne de mire les plus grosses hybrides Lexion, Ideal et surtout, la X9, toutes pourtant moins puissantes. 

Une AF10 pour l’Europe

Ce que le constructeur américain nous confirme aujourd’hui, en marge de son lancement, qui se tiendra à Louisville la semaine prochaine dans le Kentucky, c’est qu’il y aura bel et bien un second modèle mono-rotor héritier de cette nouvelle conception. La marque l’avait indiquée lors de l’Agritechnica, sans trop en dire. La communication faite ces derniers jours aux États Unis n’en fait pas l’écho, ce qui n’a pas échappé à notre filiale française, qui confirme l’arrivée dès cette année en pré-série d’une AF10. Celle-ci se positionnera entre la nouvelle Axial Flow 9260 (634 chevaux, un rotor et 14.400 litres de trémie) et la nouvelle AF11 américaine (775 chevaux, deux rotors et 20.000 litres de trémie). Un détail qui n’en est pas un; elle n’aura qu’un seul rotor! Faute avouée est à moitié pardonnée. 

En bref 

  • L’AF11 capitalise sur le principe de battage de la New Holland CR11 à deux rotors mais s’en distingue par son design, certaines technologies embarquées et l’environnement de cabine.
  • L’AF11 est réservée au marché Nord-Américain
  • En Europe, Case IH proposera une AF10 dotée d’un seul rotor et se situant entre une Axial Flow 9260 (634 chevaux, un rotor et 14.400 litres de trémie) et la nouvelle AF11 (775 chevaux, deux rotors et 20.000 litres de trémie). 
  • Les AF10 et AF11 seront produites à Grand Island dans le Nebraska (USA)

Les machines hybrides et à deux rotors ont le vent en poupe en Europe, car elles offrent une belle polyvalence dans des récoltes variables, moissonnées dans des conditions changeantes, voire humides. Mais ce n’est pas toujours le cas ailleurs, notamment chez les producteurs de maïs et de soja en Amérique du Nord et du Sud. 

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Un commentaire

  1. Merci pour ce bel article je ne savais pas que case avait déjà pensé aux doubles rotors
    Je comprend mieux pourquoi cnh va proposer deux modèles

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