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Le Big Tractor D9 ; un valet de ferme de 27 tonnes

Dès 2008, Multi Farming Systems s’est doublement fait connaître au-delà des frontières australiennes après avoir conçu un semoir gigantesque de 36 mètres et participé à un nouveau record sans précédent, semer 905 hectares en 24 heures (lire article). A sa tête, une famille d’agriculture, les Trevilyan et son patriarche, David, dingue de mécanique depuis son enfance remettait le couvert peu après, en construisant un semoir encore plus large, de 50 mètres, pour emblaver les immenses surface de l’Est australien. Aussi musculeux que polyvalent, le Big Tractor D9 se conduit comme une console vidéo, par le biais d’interrupteurs et de boutons poussoirs. En bonus, sa cabine pivote. 

Lorsqu’en 1951, David Trevilyan jeune agriculteur australien âgé de seulement 15 ans se passionne pour la mécanique, il ne se doutait certainement pas qu’un jour, il figurerait dans le livre des records du monde en tant que constructeur du plus large semoir sur le marché en 2008, qui a d’ailleurs permis de pulvériser le record du monde de semis pour une bonne cause. Son intérêt pour le matériel agricole l’a conduit assez tôt à s’intéresser aux tracteurs « tandem » dont le concept simple autorise l’association de deux tracteurs classiques. Ce (bri)collage que nous connaissons en Europe sous les traits du fameux BiSomTrac ou du Doe Bi-Fordson permet de doubler la puissance afin de tracter des outils plus larges tout en maximisant l’adhérence.

La structure du sol du Ranch Honey B. où vit David, non loin de Banana dans le Queensland est dure. Cette terre, arable sur seulement quelques centimètres s’apparente plus à une roche poussiéreuse et rougeâtre que l’on tente de gratter chaque année afin d’y faire pousser quelque chose. Comme si cela ne suffisait pas, le sol bouge ! Ce phénomène naturel nécessite le passage régulier en inter-culture d’une lame niveleuse que David n’a pas hésité à se fabriquer lui-même dans les années 1960. Cependant, même avec ses deux John Deere 5020 accolés (ndlr : 141 chevaux x 2), la puissance ne suffit pas à emmener efficacement l’appareil. Pour notre bricoleur, cette motivation était suffisante pour commencer à se pencher sur l’étude d’un tracteur à quatre roues motrices articulé.

Un tracteur fait de bric et de broc

Géo Trouvetou dans l’âme, David prouve une nouvelle fois sa débrouillardise au début des années 1970 lorsqu’il tombe sur un moteur d’occasion. Le Caterpillar D9 de deuxième main, reconnu pour être increvable et pour sa fiabilité sans faille le décida à l’acquérir. Une fois la première pièce du puzzle arrivée dans l’atelier familial, un long travail commença. 


Première ébauche du Big Tractor. Le moteur aura par la suite été avancé et la cabine changée.

Nécessitant de longues heures de soudure, de recherche et de mise au point, le mastodonte vert et jaune pointe son museau hors du hangar en 1975. Son moteur de 385 chevaux, placé loin devant le pont avant est abrité sous un long capot dont dépasse le proéminent pot d’échappement. Ses mensurations ne laissent planer aucun doute sur ses performances. Le couple titanesque de 2535 Nm lui permet d’arracher la lame niveleuse ou le scraper de l’exploitation sans mal. L’empattement est de 8,2 mètres pour une hauteur de 4,6 mètres. Quant au poids, la bascule pointe à 27 tonnes ! Le réservoir de carburant affiche lui aussi un beau score, il faudra bien compter sur les 2300 litres de capacité pour nourrir les 385 chevaux du moteur, à pleine charge. David ne s’était pas seulement penché sur la réalisation d’un banal tracteur, il savait comment répartir et équilibrer les masses pour réduire le patinage, d’où un empattement très long et un moteur placé loin devant.

Ce moteur n’a pas été le seul organe récupéré pour pouvoir achever son travail. David Trevilyan disposait d’un châssis de broyeur forestier automoteur Le Tourneau dont la robustesse n’est plus à prouver. Les ponts d’origine militaire (remplacés depuis) ainsi que les roues proviennent d’une machine utilisée dans les mines. Bien que légèrement usée aujourd’hui, la carcasse des pneumatiques encaisse des déformations importantes dues à un effort de traction colossal. Ce Lego géant, composé d’éléments éprouvés et dérivés de différents milieux était pour David un gage de solidité et de durabilité. Plus de 40 ans après, le géant fonctionne toujours. D’ailleurs, un autre modèle de même conception l’épaule.

En 2002, après avoir accumulé des heures de travail de manutention et de scraper, le Big Tractor se voit décapité de sa cabine d’origine Le Tourneau pour être remplacée par celle d’un tracteur articulé John Deere 8630. Jugeant la visibilité médiocre, le contrôle de l’avancement et des outils fatiguant, cette nouvelle cabine est montée sur une tourelle, permettant ainsi de pivoter à 90° par le biais d’un interrupteur. De cette façon, le conducteur est positionné de façon perpendiculaire à l’avancement, comme sur certains chariots de manutention.

L’autre particularité du tracteur se cache dans la cabine. Comme sur la nouvelle moissonneuse batteuse AGCO Ideal 10 présentée en 2019, il n’y a pas de volant de direction !

Seule une console avec 4 commandes de distributeurs et un joystick permettent de contrôler les distributeurs et la direction. N’importe qui ne peut pas se mettre aux commandes du géant sans une certaine mise en garde.

Il sait tout faire !

D’un point de vue technique, le tracteur conçu par David Trevilyan est simple et accessible, tant pour atteindre son poste de pilotage que pour réaliser son entretien. Si son architecture est particulière, elle autorise la greffe d’une grue de levage haute capacité au demi-châssis arrière. Ce Big Tractor, également baptisé Tonka Toys en hommage à une célèbre marque de jouets ludiques pour enfants est capable de lever de très lourdes charges. Les travaux de nivellement ou de terrassement ne représentent pas le plus gros du travail réalisé par cet engin, cependant l’activité manutention est quant à elle quotidienne. Chaque jour, il charge et décharge les camions des semoirs produits dans l’usine et lève les pièces les plus lourdes de l’atelier. Ce monstre d’acier est ainsi devenu le valet de la ferme et de l’atelier de production des semoirs Multi Farming Systems. David Trevilyan a su tirer profit de la puissance et des capacités de levage de son tracteur.

Une fois la cabine tournée sur le coté, le conducteur peut surveiller le travail de la défonceuse à dents. Celle si permet de restructurer et remonter la bonne terre en surface.
Lors d’une séance de scraper, c’est toujours l’adhérence et non la puissance qui fait défaut. Ce chargeur, utilisé comme bouteur pour pousser 
Avec son moteur positionné en porte-à-faux et des pneus dédiés au BTP, l’engin est à l’aise pour les travaux de force
La lame niveleuse est dotée d’un essieu directeur et permet de remettre les chemins en état.
Au pays des Road Train (camions équipé de plusieurs remorques), les semoirs géants de Multi Farming Systems sont facilement transportables, mais nécessitent un engin de manutention approprié.

Merci à la famille Trevilyan pour la réalisation de ce sujet, malgré les distances qui nous séparent

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2 commentaires

  1. Purée je sais pas où tu vas pêcher tout ça mais c’est fabuleux
    Merci de nous faire partager ces histoires de dingues

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