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Fermeture de Zupanja : Deutz Fahr va-t’il relocaliser sa production de moissonneuses batteuses ?

Depuis plusieurs semaines, plusieurs sources faisaient écho de l’arrêt de production de moissonneuses batteuses Deutz Fahr. Selon nos confrères du magazine allemand Profi, les choses se confirment, avec la mise en liquidation de l’usine qui les produisait, à Zupanja en Croatie. Se pose la question de l’avenir de la production des machines? La production sera-t’elle ensuite relocalisée?

C’est ici à Zupanja qu’avait été confiée en 2005 l’intégralité de la production des moissonneuses de la marque. Des machines exclusivement à secoueurs, héritières d’un lourd passé en Europe puisqu’elles s’appuient sur Fahr, d’abord un partenaire de KHD (Deutz) en 1961, acquis en intégralité 7 ans plus tard, pour devenir la marque telle qu’on la connait aujourd’hui, Deutz Fahr. En 1970, l’acquisition du fabricant de batteuses Ködel & Böhm, depuis la fin du XIXème siècle spécialiste de la récolte, permettait à la marque de quitter Cologne et s’établir dans la bourgade bavaroise de Lauingen. C’est là que siège toujours l’entreprise, donc fortement liée à la récolte. Des machines d’abord rouges devenues vertes au fil des ans, qui ont largement contribué à l’essor des exploitations agricoles, notamment de polyculture en Europe. On peut notamment citer la gamme Top Liner, le haut de gamme des années 90 et la fameuse 8XL, une 8 secoueurs de 408 chevaux qui raisonne encore aujourd’hui comme un échec commercial dans une période faste où Deutz Fahr dépensait sans compter dans ses différents domaines d’activité; tracteurs, moissonneuses batteuses de gros calibre, ensileuses, presses automotrices, faucheuses automotrices…

Malgré ses ambitions, l’euphorique tractoriste devenu peu à peu full-liner se retrouva en difficulté. L’italien Same entre alors au capital de Deutz Fahr en 1995 et devint majoritaire moins de 10 ans plus tard. Si l’on doit la survie de l’entreprise au tractoriste italien et à des produits tel que l’Agrotron, un tracteur au look clivant, toujours ambassadeur de la marque aujourd’hui, la production de moissonneuses batteuses semblait devenue plus accessoire. Deutz Fahr a plusieurs fois tenté de s’en désengager par économies et ce ne sont pas les ventes de machines fabriquées par Massey Ferguson à Randers, celles livrées par Deutz Fahr aux couleurs Massey Ferguson et Fendt au début des années 2000 puis la fourniture de quelques rares Deutz Fahr sous licence Sampo Rosenlew en Finlande qui ont redonné les lettres de noblesse à cette activité. En 2003, les outils de récolte proposés par le réseau sont fournis par Kverneland. En 2004, des chargeurs télescopiques sont fournis par l’américain JLG, grâce à son usine belge. Deutz Fahr veut rester un full liner, mais en faisant le maximum d’économies.

Conscient que le commerce ne peut s’établir seulement grâce à des produits de re-branding, donc rebaptisés et fournis par des partenaires, Deutz Fahr décide de reprendre le contrôle de la fabrication et de l’évolution de sa fameuse Top Liner, la série 56 en achetant un constructeur croate “Duro Dakovic Psu”, qui construisait début des années 80 jusqu’à 2.200 machines annuellement. Parmi elles, les M1620, Farmliner et la Globus 6.240 réservée aux marchés de l’Europe de l’Est. La société envoie ainsi un message fort avec de belles ambitions, de faire perdurer plus d’un siècle d’histoire dans la récolte et de montrer son engagement dans la conception et la fabrication de nouveaux modèles. S’il était conscient que le marché évoluait, et que la demande de modèles non conventionnels se faisait plus forte, Deutz Fahr signait en mai 2008 avec l’argentin Vassalli un énième partenariat qui lui permettra de proposer la RTS, une monorotor concurrente des Case IH Axial Flow et John Deere STS. Rapidement retirée du catalogue, la RTS sera la dernière machine à rotor proposée par Deutz Fahr. L’entreprise va alors se concentrer exclusivement sur la production de machines simples, à secoueurs au sein de son usine Croate. 

Avec 105 unités fabriquées en 2005, l’usine de Zupanja devait produire 260 unités en 2006 et atteindre le chiffre de 830 en 2010 selon le groupe. Après un investissement initial de 11 millions d’euros, puis de 10 millions d’euros sous 3 ans pour la modernisation du site, Deutz Fahr espérait gagner des parts de marché sur un domaine très concurrentiel. 

Deutz Fahr n’a pas encore confirmé ni communiqué à ce sujet. Avec l’annonce de la fermeture de l’usine en février 2025, ce sont 190 salariés qui seraient licenciés. Il semblerait qu’un constructeur chinois ait déjà proposé de racheter le site. La question qui se pose alors, qu’adviendra-t’il de l’activité récolte? Deutz Fahr va t’il réellement abandonner pour de bon la fabrication de moissonneuses batteuses et ne se consacrer plus qu’à ses tracteurs et sa chaîne verte, produite par Kuhn aux Pays Bas ? 

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