2024 / 03 / S13 – VADERSTAD
ConstructeursEntreprises

L’art et la manière de (dès)informer en temps de guerre

C’est l’histoire d’un petit constructeur russe, qui depuis deux mois n’arrive plus à s’approvisionner en composants et organes mécaniques pour produire ses tracteurs, jusqu’alors fournis par le fabricant Kharkov en Ukraine. 

Et pour cause, l’usine de tracteurs ukrainienne, connue pour ses modèles articulés T150K a été fortement endommagée dès le début de ce que le Kremlin définit comme une « Opération militaire spéciale ». Pour le reste du monde, pas l’ombre d’un doute, il s’agit bel et bien d’une guerre politique, économique, culturelle et… de l’information. Si d’un côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky s’appuie sur les outils contemporains participatifs de la communication numérique et des réseaux sociaux (comme TikTok par exemple), de l’autre, un système radicalement opposé, avec une volonté du Kremlin de dompter, maîtriser et censurer tous les canaux de communication, allant jusqu’à fermer l’accès aux réseaux sociaux pour imposer son narratif officiel à toute la population russe.

Même les sources d’information agricoles, tel que Glavpakhar sont forcés de participer à cette entreprise, d’orienter et donc manipuler l’opinion russe. Le 5 mai 2022, le média spécialisé publiait un article dont voici la traduction: « L’usine de tracteurs de Bryansk (Russie) a temporairement suspendu la production de tracteurs BTZ (Des Kharkov ukrainiens ré-assemblés chez Bryansk) en raison du manque de pièces de rechange et accessoires ukrainiens (..) Selon des informations privilégiées, l’arrêt de la production de l’usine de tracteurs est dû au fait qu’ils (les ukrainiens de Kharkov) ont cessé de fournir des kits de véhicules à Bryansk. » 

Des petits malins, ces ukrainiens! Pendant une visite de (dis)courtoisie de leurs voisins, ils auraient  – aux dires du site russe – volontairement stoppé leur approvisionnement en pièces et châssis, sans raison valable. Bryansk se retrouvant alors le bec dans l’eau et ne pouvant plus mécaniser l’agriculture russe, toujours en quête de machines simples et économiques. En réponse à cette situation ubuesque, Glavpakhar fait savoir que « la direction de l’usine de tracteurs de Bryansk a assuré au gouverneur de la région Alexander Bogomaz qu’ils prévoyaient déjà de produire les composants nécessaires à leur propre production. Dans le même temps, comme l’écrit Bryansk Today, il existe un autre scénario – par exemple, les propriétaires de l’usine de tracteurs de Bryansk tentent de négocier la fourniture de kits de véhicules similaires à Kharkov à partir de l’usine de tracteurs de Minsk . Les deux entreprises n’ont pas encore officiellement confirmé l’information. » 

Et pour cause, l’usine KhTZ – Kharkiv Tractor Plant (ex-usine nationale aujourd’hui privatisée) est comme le reste de la ville Kharkiv, partiellement détruite par la frappe russe et ne peut répondre à aucune demande industrielle. Sans que nous ne pouvions le confirmer, les informations étant difficiles à obtenir et à vérifier, un investisseur roumain tenterait de rapatrier la production des tracteurs de Kharkiv près de Holboca en Roumanie, à la frontière moldave. 

Kharkiv, le dernier tractoriste ukrainien bombardé

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