De grande étendues et du matériel approprié pour travailler vite et superficiellement. A première vue l’exploitation de Dale Folkvord, et de son fils Dean, n’est en rien différente du modèle américain. Sauf que la famille Folkword produit sur 5.500 hectares des céréales destinées à alimenter leurs propres moulins et fours à pain. Une production qui est vendue ensuite dans un réseau de boutiques qui ne cesse de se densifier. Cette intégration verticale leur permet de se protéger des fluctuations des marchés, tout en maîtrisant les étapes de production, de transformation et de vente sans intermédiaires.
Article réédité de mars 2009.
Vivre sereinement sans être sans cesse stressé par les aléas économiques du métier, c’est ce que s’emploie à faire Dale (en photo ci-contre), cet agriculteur septuagénaire originaire de Helena, qui a débuté sa carrière dans les années cinquante, avec 240 hectares pour faire vivre sa famille. Pour lui, l’aventure commence réellement en 1978, lorsqu’il eu l’opportunité de reprendre une ferme de 1000 hectares dans le sud-ouest du Montana.
Vivre sereinement sans être sans cesse stressé par les aléas économiques du métier, c’est ce que s’emploie à faire Dale, cet agriculteur septuagénaire originaire de Helena, qui a débuté sa carrière dans les années cinquante, avec 240 hectares pour faire vivre sa famille. Pour lui, l’aventure commence réellement en 1978, lorsqu’il eu l’opportunité de reprendre une ferme de 1000 hectares dans le sud-ouest du Montana.
Cinq ans plus tard, en 1987, Dale et son fils sont convaincu qu’ils peuvent produire un blé sain, sans produits chimiques, tout en privilégiant la qualité boulangère plus que le rendement. La ferme des Folkvord, située à quelques miles de Three Forks, une petite ville de 1.700 habitants surplombe un plateau fertile. C’est l’un des sols les plus productifs du Montana, à 1.500 mètres d’altitude et aux pieds des Rocheuses. Un cadre idyllique pour produire l’un des meilleurs blés du pays. La variété de blé blanc à forte qualité boulangère qu’ils cultivent leur permet alors de signer un partenariat avec une meunerie-boulangerie de Bozeman, plus au sud. Les petits pains qui en sortent sont envoyés et testés dans quelques restaurants McDonalds locaux. Le succès est tel que les Folkvord sont rapidement en rupture de stock. Seuls 100 acres étaient consacrés à cette nouvelle variété à bonne valeur nutritionnelle.
Sur la route de l’indépendance
Encouragés par ce premier succès, Dale et son fils décident de se lancer de façon autonome dans cette voie, et de créer leur propre unité de fabrication. Entourés d’immenses plaines situées aux pieds des montagnes Rocheuses, ils choisirent comme nom commercial << Wheat Montana » (traduit par Le blé du Montana) dans l’espoir de capitaliser sur la popularité et le romantisme de la région de Big Sky. La stratégie de vente porte ses fruits et les produits sont couronnés de succès. Le chiffre d’affaire décolle lui aussi rapidement.
En 1993, les Folkvord prennent la décision importante d’installer l’usine principale à cinq minutes de leur ferme, à Three Forks. “A la base nous ne souhaitions pas en faire un restaurant. Three Forks est une ville paumée au milieu de nulle part, au carrefour de la I-90 et de la Highway 287“, rigole Dale. “A part les cowboys et routiers, il n’y a pas grand monde dans le coin. Cependant, le Montana est visité par plus de 10 millions de touristes chaque année. Quand vous voyagez, vous vous arrêtez dans une station service pour faire le plein, vous en profitez pour grignoter quelque chose. Ici nous offrons quelque chose de différent des autres stations, une boutique restaurant est greffée aux 2.700 m² de la meunerie. C’est rapide, frais et la nourriture est saine. L’aspect le plus rentable de notre affaire est de produire notre propre blé, de le moudre, de le faire cuire et ensuite de le vendre sous la forme d’un sandwich ou d’une viennoiserie. C’est de loin sur ce produit que nous tirons notre plus grande marge.”
Afin de se démarquer, les Folkvord se sont intéressés à une variété souvent oubliée: l’épeautre, une céréale consommée par nos ancêtres. Grâce à sa rusticité, l’épeautre est un excellent produit pour l’agriculture biologique et extensive. Il ne nécessite aucun engrais ni traitement chimique, un avantage que les Folkvord prônent depuis l’abolition du labour et de certains traitements sur leur exploitation. Malgré ses avantages, c’est le faible rendement qui l’a souvent poussé dans les oubliettes. Il faut battre et décortiquer les graines d’épeautre avant de pouvoir les utiliser. On perd ainsi 30% de leur poids. Rares sont ceux qui produisent de l’épeautre en quantité suffisante, ce qui obligeât les Folkvord à le cultiver eux-mêmes. En 2006, Wheat Montana a moulu 6,5 tonnes de farine d’épeautre par mois. Au cours des sept premiers mois de 2007, ils en sont arrivés à 13 tonnes par mois utilisées dans leurs boulangeries.
Anticiper les changements de goût des consommateurs
Dean et son père ont commencé en certifiant que leur blé était “sans produits chimiques” il y a huit ans, au moment où ils ont flairé les changements de mentalité des consommateurs. Comme le précise Dale”Il ne faut pas confondre la culture “sans produits chimiques” avec l’agriculture biologique. Nous continuons d’utiliser une petite quantité d’herbicide sur nos cultures pour lutter contre des adventices résistantes. Notre blé a été testé, comme toutes variétés avant d’êtres mises au catalogue par 108 tests différents, garantissant l’absence de résidus chimiques. Les tests sont coûteux, mais nous n’avons pas eu de difficultés à valoriser l’investissement de départ », indique Dale en souriant. Aujourd’hui, des agriculteurs situés à 50 miles à la ronde ont signé des accords de production pour la firme Wheat Montana. Tous ont remis en cause leurs techniques productivistes et sont fiers de récolter chaque année un grain sain destiné à une alimentation saine.
La sécurité alimentaire est une préoccupation croissante pour les consommateurs. Les journaux regorgent d’histoires qui nuisent à l’image de l’agriculture. A son échelle, Wheat Montana cherche à redorer son blason et peaufine l’image de sa société, notamment en affichant ses convictions et son attachement pour la nature. L’image des larges prairies dominées par la cime enneigée des montagnes en arrière plan est devenu le logo de la Wheat Montana Bakery & Deli.
Le chiffre d’affaires de la Wheat Montana a augmenté de façon exponentielle. En 2000, il passe la barre symbolique de 10 millions de dollars. “Le succès de notre première installation de Three Forks nous a amené à une étape suivante, celle de vendre des franchises de notre boulangerie à travers l’Etat. La première en 2003 a été vendue 35000 dollars plus 6% des ventes. Bien sûr, nous produisons nous-mêmes le pain frais commercialisé par toutes ces boutiques. Nous réinvestissons dans notre entreprise tout l’argent que nous gagnons afin de nous développer rapidement. Par exemple lorsque Burger King nous a contacté en 2005 pour leur fournir des petits pains pour 22 de leurs restaurants dans le Montana et dans le Wyoming, notre réponse ne s’est pas faite attendre. Oui! Nous possédions les installations nécessaires pour assurer ce volume de production important.” L’entreprise des Folkvord figure dans le Guinness Book of World Records pour le pain confectionné le plus rapidement, des champs jusqu’à l’assiette en huit minutes et 13 secondes. Elle connaît aujourd’hui (à la date de l’écriture du sujet, en mars 2009) un véritable succès avec un chiffre d’affaires dépassant les 12 millions de dollars. L’intégration verticale a été saluée par de nombreux prix et titres de reconnaissance comme en témoigne les décorations du bureau de Dale Folkvord, dont le souhait est maintenant de développer les activités au delà du Montana.