Le constructeur américain John Deere vient de célébrer sa 20.000ème ensileuse produite en Allemagne, dans son usine de Zweibrücken.
Avec l’acquisition en 1964 de la CCM (Compagnie Continentale de Motoculture), conglomérat composé des marques françaises Rousseau à Fleury et Aubrais (Loiret), Thiébaud à Arc-les-Gray (Haute Saône) et Rémy à Senonches (Eure et Loir), John Deere peut déployer en Europe une gamme complète d’outils de travail du sol et de fenaison. C’est l’usine de Senonches qui est la plus à même de recevoir de grosses machines, par ses dimensions et sa proximité maritime. L’entreprise va produire des charrues, des semoirs et outils de travail du sol (..), et se diversifie avec la production de tondeuses autoportées. Pour améliorer sa compétitivité, John Deere espère ainsi maîtriser au mieux son prix de vente en évitant l’importation de ces petites machines depuis son usine d’Horicon, dans le Wisconsin. Même chose pour une machine d’un tout autre calibre, l’ensileuse automotrice.
Alors que les premières machines de la série 5000 sont produites à Ottumwa dans l’Iowa (Etats Unis) depuis 1972, il faut attendre 1978 pour en voir sortir de Senonches, à destination de toute l’Europe. L’aventure ne durera cependant que 3 ans. La crise du machinisme, la baisse des revenus agricoles, et la course à la trésorerie, du fait des hausses des taux d’intérêt, bouleversent la filière. John Deere ne subit vraiment que la première de ces crises. Sa bonne santé financière lui permet même de ne pas suivre ses concurrents dans la guerre des prix et des rabais à laquelle ils se livrent, à l’instar des producteurs automobiles, mais se voit contraint de fermer son usine eurélienne et d’arrêter certains produits d’accompagnement. La production de ces ensileuses reviendra à l’usine américaine de Ottumwa pendant près de 10 ans, avant que Zweibrücken – ex-usine Lanz Wery – ne prenne le relais en 1991 avec la série 6010. C’est elle qui est devenue le berceau de production de ces machines, mais également des moissonneuses conventionnelles, mais aussi celles à rotor (sauf X9) réservées au vieux continent. Pas moins de 5.000 machines y sont produites chaque année.
L’ensileuse automotrice est un produit davantage européen que nord américain. Dans les années 60-70, les tracteurs outre-Atlantique sont suffisamment puissants pour entrainer des ensileuses trainées, ce qui n’est pas le cas sur le vieux continent. Il faut souvent monter un moteur auxiliaire sur l’ensileuse pour ne pas caler le tracteur, plus fréquemment deux roues motrices et d’une puissance inférieure à 100 chevaux. Un pont avant moteur est aussi requis pour ne pas s’enliser à l’automne. Récolteur d’herbe ou de maïs ne s’improvise pas. Avant l’arrivée des ensileuses motorisées, il faut souvent être bon bricoleur pour bien mener ce chantier.