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YTO : L’ex-usine McCormick de Saint Dizier menacée

En 1975, un tracteur estampillé du label « International Harvester » sort de l’usine de Saint Dizier en Haute Marne toutes les sept minutes. Depuis, l’entreprise est passée de main en main, voyant sa production et sa masse salariale décroître continuellement. Le coup de grâce vient semble-t-il de lui être porté par son actuel propriétaire, le chinois Yto.

Propriété de Sinomach, colosse de l’industrie chinoise, Yto promettait en 2011, à travers son offre d’acquisition du site de Saint Dizier de maintenir les 206 emplois, et même d’en créer 400 supplémentaires à l’horizon 2015. Une offre qui s’est élevée à 8 millions d’euros, de quoi lui permettre de remettre les compteurs à zéro et de faire de ce fleuron de l’industrie haut-marnaise un centre de Recherche & Développement et le centre névralgique de ses activités pour le marché européen. Yto achève de convaincre les salariés en prévoyant l’assemblage des tracteurs à partir de 2014. Des promesses qui ne seront jamais tenues. Seules des transmissions et systèmes hydrauliques conçus pour des tracteurs de 70 à 200 chevaux seront produits, puis expédiés en Italie et en Chine.

Hier, jeudi 8 novembre, Yto a annoncé une restructuration de son activité sur ce site et la délocalisation en Chine de sa production, annonce un délégué syndical. 80 emplois sur les 123 actuels seraient menacés et l’activité de production et d’assemblage de composants pour tracteurs sera stoppée. Seules des activités commerciales devraient être maintenues. Cette annonce marquerait la fin de ce site, ô combien emblématique puisqu’il a permis de moderniser l’agriculture française au sortant de la Seconde Guerre Mondiale et équiper les fermes européennes.

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Près d’un siècle de changements de propriétaires

En 1924, la famille Champenois créé une nouvelle entreprise de machinisme agricole (râteaux faneurs hippotractés et machines de récolte) au Clos Saint-Jean, à Saint Dizier, profitant ainsi de la proximité de la voie ferrée et du canal. Celle-ci fonctionnera jusqu’en 1940. Les bâtiments sont endommagés pendant la Seconde Guerre mondiale puis le site est acheté par les américains de C.I.M.A. (Compagnie Internationale de Machine Agricole) en 1950. En 1949, le seul bâtiment antérieur à 1950 a été entièrement transformé en bureaux et en 1950 l’usine comprend 14.300 m2 bâtis et 70.000 m2 en 1964. On y produit notamment les Farmall FC, FCN, FCD, Utility, le fameux Farmall Cub, Super Cub et bien d’autres modèles encrés à jamais dans les mémoires. I.H.F. (International Harvester France) succède à la C.I.M.A. vers 1965 et va à son tour produire des modèles emblématiques, comme les 240, 265, 270, les séries 23, 53, 24, 46, 44, 45. Cette liste est évidemment non exhaustive tant la production a été riche et marquée par de nombreux succès.

10.000 tracteurs sont produits en 1953 et ce score est dépassé en 1976 avec 27.000 écoulées.

IHC est racheté par Tenneco en 1985 et fusionne avec JI Case. L’activité agricole se nomme alors Case IH. Deux ans plus tard Tenneco-Case rachète Poclain, spécialiste du BTP en Picardie. L’usine de Saint Dizier se spécialise alors dans les transmissions pour chargeuses pelleteuses et tracteurs agricoles. En janvier 2001, l’italien Argo, propriétaire de Landini profite de l’opportunité de racheter ce site. En effet, Case IH ayant fusionné avec New Holland deux ans plus tôt doit se séparer de certaines usines pour satisfaire les lois anti-trust. De son côté, Argo relance McCormick, marque acquise auprès de Case IH et utilise pour commencer des bases connues, comme les Case IH MX devenus MTX. En 2011, le site de Saint Dizier est déclaré en faillite. C’est là qu’apparaît Yto avec de beaux arguments pour pérenniser l’emploi, le savoir-faire et les activités.

Au Clos Saint-Jean à Saint Dizier, il y a 160 employés en 1950, 2.800 en 1982, puis 1.500 employés permanents sous Case Poclain. En 2001, l’entreprise n’emploie plus que 741 salariés, puis 206 en 2011. Demain, 80 des 123 salariés sont amenés à être licenciés selon ce plan de restructuration Yto.

 

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