Iveco racheté par Tata. Quelles conséquences pour les équipements agricoles ?
Iveco Group N.V., la société italienne qui contrôle des sociétés telles qu’Iveco, Iveco Bus, FPT Industrial, IDV et Heuliez va être rachetée par l’indien Tata Motors.
C’est l’information qui a fait l’effet d’un tsunami boursier ces derniers jours et suscité une forte vague d’inquiétude en Italie, siège du groupe, comme en France, où le groupe fabrique ses moteurs et bus. Le 30 juillet 2025, Tata Motors, le géant indien des véhicules commerciaux, a proposé une offre publique d’acquisition volontaire en numéraire pour le groupe italien Iveco, couvrant ses divisions camions, utilitaires, bus et moteurs, hors défense. Le montant proposé s’élève à 3,8 milliards d’euros. L’activité de défense est cédée séparément à Leonardo (1,7 milliard €) afin de répondre aux exigences du gouvernement italien. Les conseils d’administration d’Iveco et de Tata ont approuvé l’opération, et l’actionnaire majoritaire Exor (famille Agnelli) s’est montré favorable.
Dans la structure juridique, l’offre sera portée par une entité ad hoc basée aux Pays‑Bas entièrement détenue par Tata Motors. Le siège social d’Iveco restera à Turin (Italie) et Tata s’est engagé à ne fermer aucune usine, ni à procéder à des suppressions d’emplois liées à cette opération, pour les deux ans qui viennent. Et ensuite? C’est la question que se posent les salariés des entreprises concernées par ce rachat en Europe.
FPT, le moteur du groupe
Iveco Group regroupe plusieurs marques, Iveco (poids lourds, utilitaires, bus), Iveco Bus, Astra, IDV Défense et la finance (Iveco Capital), mais également FPT Industrial. Historiquement issue de Fiat Powertrain Technologies (créée en 2011 lors d’une scission du groupe Fiat) puis intégrée à CNH Industrial, la marque FPT Industrial a été transférée en 2022 au sein d’Iveco Group. C’est l’un des principaux fournisseurs de moteurs diesel, gaz, hydrogène, hybrides, ainsi que les transmissions et essieux dans les domaine offroad (non routier) puisqu’elle anime, ne serait-ce dans l’univers des agroéquipements des tracteurs, moissonneuses, pulvérisateurs, pompes, groupes électrogènes avec comme clients principaux New Holland, Case IH, Steyr, Claas, McCormick & Landini, Carraro, Horsch, LS etc… FPT anime également des équipements on-road (routiers), tels que des poids lourds, bus, utilitaires. La division « powertrain » (moteurs FPT) représentait environ 21 % du chiffre d’affaires (~15 % bus, ~58 % camions) en 2024, avec un chiffre d’affaires total d’environ 15,3 milliards d’euros, en recul de environ 4 % par rapport à l’année précédente.
Tata s’est engagé à préserver l’identité, les usines et l’organisation de FPT. Rien qu’en France, citons les usines de Bourbon Lancy et Garchizy (moteurs industriels routiers et non routiers) et Fecamp (Groupes électrogènes, tableaux de distribution électrique et résistances). Donc, à court terme, pas de rupture de gamme pour les constructeurs agricoles clients de FPT.
Des synergies technologiques sur le long terme
Tata ambitionne d’utiliser ses filiales (comme JLR – Jaguar Land Rover, qu’il détient depuis 2008 ou les véhicules commerciaux) pour proposer FPT à de nouveaux marchés émergents en Inde, Afrique, Amérique latine. Le groupe indien dispose d’ailleurs de centres de R&D en Inde, UK, Italie, US et Corée, ce qui pourrait accélérer le développement de motorisations agricoles hybrides ou biogaz, en s’appuyant sur les technologies FPT et aussi s’affranchir plus rapidement des normes écologiques à venir pour les véhicules routiers légers, tel que Euro7.
Cette opération est un tournant majeur pour l’industrie européenne et indienne. Elle permettrait à Tata Motors de devenir un acteur global de premier plan dans les véhicules et motorisations commerciales, tout en offrant à FPT Industrial la possibilité de se développer encore plus largement, notamment dans le secteur agricole, grâce à l’appui industriel, financier et technologique du groupe Tata.
