Entrepreneur spécialisé dans l’arrachage de betteraves depuis 1989, L’ETA Soyez s’est lancée comme défit au tournant des années 2000 de construire sa propre débardeuse chargeuse de très grande capacité.
Lorsqu’elle débuta son activité, l’entreprise située à Naves dans le Nord s’équipe de deux effeuilleuses et d’arracheuses 6 rangs portées, suivies d’une débardeuse automotrice. Rapidement, elle entreprend de rassembler deux andains de six rangs en un seul, pour gagner non seulement en débit mais également dans un intérêt agronomique, souhaitant préserver la structure des sols à cette période cruciale qu’est l’automne. Observant que la débardeuse n’était pas saturée, le chantier a été repensé pour aboutir à une arracheuse 12 rangs, réalisant un seul andain de betteraves.
Précédée par une effeuilleuse à deux rotors de 5,40 m (12 rangs à 45 cm) avec scalpeurs, portée à l’avant du tracteur, cette arracheuse composée de deux modèles 6 rangs jumelés sur un bâti semi-porté dispose de son propre moteur auxiliaire, d’environ 120 chevaux, qui anime le pont moteur et directeur. L’ensemble passe là où d’autres chantiers s’arrêtent. L’arracheuse 12 rangs, qui à un poids total d’environ 9 tonnes, nécessite une puissance de seulement 150 chevaux.
L’entreprise va alors faire de ce type de chantier sa carte de visite, proposant cette activité d’arrachage du Nord Pas de Calais à la Champagne, en passant par la Picardie. A l’heure actuelle, l’entreprise dispose de 7 chantiers de ce type, entièrement conçus au sein de ses ateliers. C’est une belle prouesse technique et une sacrée aventure humaine!
Après avoir longtemps employé des débardeuses Franquet et CMC, des machines de 40 à 50 m3 de capacité, Jean Paul Soyez décide de repousser les limites techniques et développer une machine encore plus performante et capable d’avaler un andain dans sa totalité lorsque les parcelles sont particulièrement longues. Il s’agira de la Mega Master DB 75, lancée au tournant des années 2000, une machine d’environ 700 chevaux animée par un moteur 6 cylindres Caterpillar C16. La machine est fièrement posée sur ses 8 roues basse pression, dont les deux avant sont empruntées à un scraper. Cette machine va travailler inlassablement jusqu’à temps que l’entreprise lui dessine une nouvelle grande soeur moins d’une quinzaine d’années plus tard, la RD 80. « RD », c’est un hommage à Raoul Duquenne, l’une des figures de la mécanisation disparu en 2017 à l’âge de 91 ans. Originaire de Tournai en Belgique, il a contribué à l’évolution de la technique betteravière. Ce pionnier de la mécanique a notamment imaginé dans les années 60 une arracheuse automotrice avant de concevoir une intégrale, baptisée de son propre nom. Il a notamment conçu la première débardeuse articulée, en regardant évoluer un dumper Volvo et a collaboré avec le belge Beetmaster avant de s’implanter en France chez Franquet afin de développer la Moby puis CMC à Châlons sur Marne avec la DB 4000 et DB 5000. Il rejoindra Jean Paul Soyez et terminera en apothéose sa longue carrière avec le projet de ses rêves, la RD 80, la débardeuse de tous les superlatifs.
Compte tenu du coût de ces deux colossales Mega Master DB 75 et RD 80, l’ETA JPS a développé un kit spécial pour les transformer hors périodes de récolte en épandeurs de matière organique et mieux les rentabiliser. Nous avons croisé la route de la Mega Star DB 75 cet été, employée à l’occasion pour l’épandage de boues de méthaniseur. Une fois le bâti démonté, une vis sans fin permet d’avaler le tas de boue. Le canal et les élévateurs ont été modifiés et étanchéifiés. La porte arrière a été remplacée par un module à plateaux, avec volet de bordure. Le fond de la caisse est composé de chaînes et barrettes pour évacuer le produit.
Voici quelques vidéos supplémentaires saisies lors de campagnes d’arrachage précédentes.
