[CINEMA] « Alexandre le bienheureux », le confiné bien heureux

Véritable fable sur la liberté et merveilleuse ode à la paresse, Alexandre le bienheureux est sans nul doute le meilleur moyen de relativiser sur le temps qui passe à l’heure du confinement.

Porté par un Philippe Noiret exceptionnel dans la peau d’un agriculteur beauceron, ce film se passera le plus clair de son temps en pyjama, cassant la croûte dans son lit, la bouteille de rouge, le saucisson et le corps de chasse astucieusement accrochés au plafond. C’est là qu’il va s’isoler, se protéger du virus stakhanoviste et mieux profiter de la vie.

Le Synopsis

Pour Alexandre Gartempe, pas le temps de chômer. Il n’imaginait pas quel calvaire allait-il vivre en épousant la Grande (François Brion). Cette ambitieuse mais néanmoins tyrannique patronne mène ce ce flemmard né à la baguette. Seul, il devra s’occuper des tâches quotidiennes et de 120 hectares de cette ferme beauceronne, avec des céréales, des citrouilles mais également des poules, canards, lapins et de la seule vache à traire. Devenu brutalement veuf, il éprouve un grand soulagement et se sent libéré de son labeur : il décide de s’accorder un repos qu’il juge mérité, afin de prendre le temps de savourer la vie. A deux doigts de lui voler la vedette « Le chien », son fidèle compagnon à quatre pattes se chargera de le ravitailler en vivres, que lui sert Agathe, la belle Marlène Jobert. Son comportement sème rapidement le trouble dans le petit village par l’exemple qu’il donne, et une partie des habitants décide de le forcer à reprendre le travail. Notamment Paul Le Person, Jean Carmet et Pierre Richard (son véritable premier rôle au cinéma). Mais ils échouent, et Alexandre commence à faire des émules…

Un bel inventaire mécanique

Ce film tourné en 1967 dans la campagne d’Alluyes, au sein d’une exploitation qui est toujours d’actualité, et partiellement en studio à Paris (les scènes intérieures) est également d’une belle carte postale d’une France d’autrefois, d’un temps que les moins de… 50 ans n’ont pas connu. Et pour les amateurs de belles mécaniques que vous êtes, vous allez être servi. Massey Ferguson y tient une belle place avec en vedette un rutilant 175 Multi Power servant de destrier à notre vedette. Un tracteur vraisemblablement prêté pour le film et qui est régulièrement attelé à une benne simple essieu Le Boulch. On y voit également régulièrement une moissonneuse batteuse MF 400 elle aussi flambant neuve, trônant dans la cour de la ferme, et une Clayson M133, que l’on voit travailler vers la fin du film. Quelques autres figurants mécaniques tentent une percée. Ce qui semble être un Ferguson TE20 côtoie chez les Sanguin un Renault plus récent (un D22 avec une cabine?). Vestige d’un passé pas si lointain pour l’époque, un SFV immatriculé dans les Yvelines emmène une charrette fort mal équilibrée.