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Renault 1451, un tracteur « Made in USA »

Critique souvent faite à la division agricole Renault; son manque de réactivité face à un marché qui ne cesse d’évoluer. Plusieurs électrochocs auront été nécessaires pour franchir de nouveaux caps, comme celui des 100 chevaux. Pour y parvenir, la marque comptait sur un  tracteur « made in USA ».

En 1955, on dénombrait 2.307.000 exploitations en France lorsque quinze ans plus tard, 720.000 avaient déjà disparues. La surface moyenne cultivée ne cessant d’augmenter, les exploitations sont contraintes de s’équiper en conséquence. Au tournant des années 70, les américains ont déjà bien compris ce phénomène, qui a été plus rapide de leur côté du globe. C’est pourquoi, avec une légère avance technologique et plus d’expérience en grandes cultures, ils investissent l’Europe rapidement, et livrent des tracteurs de plus de 100 chevaux. Qu’ils soient de type deux roues motrices rigides ou articulés à transmission intégrale, leur conception robuste surclasse la production française, notamment celle de la marque mancelle qui campe toujours sur une offre limitée à 90 chevaux. Son plus gros tracteur, lancé en 1970 étant le 98. La marque préfère alors disposer d’un copieux carnet d’adresses et de clients, misant davantage sur le volume de tracteurs vendu plutôt que sur leur taille.

Pourtant talonnée à plusieurs reprises par la concurrence étrangère, la division agricole de la Régie Renault tarde à se réveiller. Et c’est souvent dans la précipitation qu’elle va tenter de trouver des solutions. L’exemple le plus concret apparaît en 1973. A l’ouverture du SIMA, Porte de Versailles, le visiteurs découvrent, stupéfaits, un tout nouveau tracteur au gabarit inhabituel pour la marque. Si la calandre rappelle celle des dernières moutures sarthoises, son faciès diffère des lignes anguleuses des modèles 94, 96 et 98 exposés à ses côtés. Et oui, ce 1451 n’est pas vraiment un Renault !

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Un maquillage rapide

En effet, quelques années plus tôt, en 1968, Renault est approché par Allis Chalmers. L’américain a besoin de plus petits tracteurs que ceux qu’il produit habituellement, pour son marché domestique. Plutôt que de relancer la production des tracteurs Vendeuvre, une marque française qu’il a acquis en 1961 mais stoppée quatre ans plus tard pour ne se consacrer qu’aux engins de manutention, Allis Chalmers préfère sous-traiter. Il propose à Renault de lui acheter des tracteurs. L’américain veut gagner du temps, limiter ses coûts de recherche & développement et offrir à son réseau une offre plus vaste. Les concurrents tels que John Deere, Case, Ford et International Harvester ayant déjà pris une longueur d’avance. Renault fournit alors plusieurs bases, principalement son modèle 56 d’une quarantaine de chevaux et adapte sa production à un objectif de 2.000 tracteurs par an. Allis se charge de lui fournir le pont avant, le câblage électrique et la signalétique. En cinq années de production, les Allis Chalmers One Sixty et 160 « Made in France » ne s’écouleront pourtant qu’à un peu moins de 6.700 exemplaires (selon J. Gouet, dans l’Encyclopédie du Tracteur Renault).

Sous le capot de l’Allis Chalmers One Sixty se trouve en réalité un Renault 56 légèrement revisité. S’il est fabriqué au Mans, sa commercialisera se fera exclusivement en Amérique du Nord. (Photo Tractor Auctions)

En 1972, Renault ne produit toujours pas de tracteur plus puissant que son 98 de 90 chevaux. L’idée d’inverser les échanges commerciaux avec Allis Chalmers se traduit début décembre par l’importation d’un modèle américain, le tout nouveau 7050. Renault l’expose pour la première fois trois mois plus tard lors du SIMA, Porte de Versailles. Rebaptisé Renault 1451, l’Allis a été personnalisé. Sa calandre reprend les deux barrettes en travers sertis de l’emblème en losange. Cette proue rappelle en effet les modèles inférieurs, que sont les 94, 96 ou 98. Deux phares sont incorporés en bas de calandre et la façade avant de cabine est de couleur noire. Renault annonce lors de sa présentation que ce tracteur de 145 chevaux, motorisé par un 6 cylindres Allis Chalmers est conforme avec les normes européennes et qu’il sera commercialisé à l’issue d’essais. Ceux-ci auront lieu dans la région mancelle dès la fin du salon.

Coup du sort pour Renault, il voit son partenaire fusionner avec Fiat MMT le 4 janvier 1974, et devenir Fiat-Allis. Cette annonce marque la fin des accords avec l’usine mancelle et le 1451 ne sera finalement jamais vendu. Toutefois, Renault s’apprête à lancer la série 51 et profitera du SIMA 1974 pour dévoiler le prototype de son premier gros tracteur développé en interne. Baptisé 1401-4, ce tracteur de 140 chevaux sera produit à quelques exemplaires et avant d’être finalement produit en grande série l’année suivante sous la dénomination 1451-4. Avec une transmission et un pont arrière allemands ZF, ce sera lui le vrai concurrent des tracteurs américains et allemands.

Selon les informations recueillies, le 1451 américain a été utilisé dans une exploitation agricole sarthoise dès 1973 et semblerait avoir disparu de la circulation. Est-il retourné aux USA ou a-t’il trouvé preneur en France? Qui saura éclairer notre lanterne?

La brochure:

Renault 1451 par « Allis Chalmers »
Fabrication Décembre 1972
Usine Usine Allis Chalmers de West Allis (Wisconsin – USA)
Présentation SIMA 1973 – Porte de Versailles (Paris)
Origine Allis Chalmers 7050 (1973 – 1974)
Exemplaires produits 1
Type technique 7691
Moteur Allis Chalmers 6 cylindres en ligne 3500 mark III – 7 litres
Puissance (ch) 145
Transmission 18 x 4 mécanique avec Hi-Lo

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