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Système Terra Trac : L’invasion des chenilles se poursuit

En moins de vingt ans de commercialisation, Claas a chaussé plus de 25.000 machines de sa propre création et celles issues de la concurrence. Plus d’actualité que jamais, le système Terra Trac évolue et profite aux tracteurs jadis à (4!) roues et aux ensileuses.

Les origines du Terra Trac

Caterpillar sort en 1986 son premier tracteur à chenilles caoutchouc, ce qui n’a pas échappé à Helmut Claas. Visionnaire, l’allemand imagine son porte-étendard de l’époque, la Commandor CS chaussé de ce train de chenilles révolutionnaire pour récolter partout et en toutes conditions. Pour que la greffe puisse prendre, le train de chenilles Mobil Trac hérité du chenillard Challenger 65 est rallongé d’un galet tendeur (soit un barbotin, un galet tendeur et cinq galets intermédiaires) et adapté au poids de la machine et à sa longueur. L’enjeu est de pouvoir accroître sa traction, sa portance et limiter l’impact du poids de cette grosse moissonneuse en toutes conditions. La machine apparaît en public en 1988 et sert de vitrine technologique pour la marque. Les deux partenaires s’imaginent même équiper toutes les machines utilisées lors de la récolte, bennes comprises.  Seulement quelques clients, notamment des producteurs de riz américains s’intéressent à la Commandor chenillée, compte tenu de son net surcoût. Claas et Caterpillar vont poursuivre leurs échanges et, en février 1997 les seller par une joint-venture. L’intérêt de cet accord est de permettre au réseau européen Claas de disposer des tracteurs à chenilles Challenger (210 à 425 chevaux) livrés à l’occasion en vert et blanc et de chausser les plus grosses Lexion de chenilles. De son côté l’américain Caterpillar, spécialiste du BTP ambitionne de devenir un full-liner face à John Deere. Le réseau nord américain et australien initialement spécialisé en BTP se charge alors de commercialiser les Lexion en noir et jaune, en complément de ses chenillards et transbordeurs. Ses ambitions seront de courte durée pour le leader mondial des engins de chantier, qui enregistre des ventes et une rentabilité insuffisantes et voit naître de nouveaux concurrents. En 2000, la vente des Challenger ne représente que 2,5% de son chiffre d’affaires et les bénéfices sont insuffisants. La culture des travaux publics, la conjoncture nord américaine et ce manque de rentabilité conduit Caterpillar à revendre fin 2001, alors que son projet MT, une nouvelle génération de tracteurs à chenilles allait être révélé, sa branche de tracteurs au groupe AGCO. Par ailleurs, Caterpillar se désengage d’une usine fraîchement inaugurée à Omaha dans le Nebraska, détenue à 50 /50 avec Claas, qui assemble les moissonneuses Lexion expédiées d’Allemagne en sous-ensembles. Claas en devient alors l’unique propriétaire. Les Lexion (et quelques machines de fenaison venant de Woippy en France et Bad Saulgau en Allemagne) commercialisées en Amérique du Nord par les concessionnaires Caterpillar seront toujours estampillées CAT quelques années avant d’être logotypées Claas.

La revente des tracteurs à chenilles à AGCO soulève un certain nombre de problématiques pour Claas à l’époque. L’allemand s’était fait de la chenille une spécialité entre la fin des années 1990 et jusqu’à l’acquisition des Challenger par AGCO. Son fournisseur ayant changé de camp, Claas  est coupé dans son élan et décide d’en concevoir en interne. La fabrication des chenilles se tient désormais à Paderborn, où sont fabriqués également des ponts moteurs et transmissions. Depuis 2010, le système Terra Trac est suspendu et même Claas garde la primeur de sa version la plus récente pour ses propres machines, il est devenu le fournisseur de marques de matériel de récolte non concurrentes, comme Grimme et Ploeger.

2024 / 04 / S15 (et S16 car pas assez de PDV s15) – VADERSTAD
Il y a près de 30 ans, la chenille gagnait déjà la campagne allemande.

Un Axion Half-track conçu pour circuler à 40 km/h

30 ans après le premier concept de machine de récolte chenillée, Claas dévoile non pas une mais deux nouveautés chenillées. L’Axion 900 Terra Trac reprend les traits du concept half-track, avec un pont avant suspendu et directeur à roues et un essieu arrière supportant deux chenilles. Contrairement à Case IH et New Holland, le profil n’est pas en forme de triangle isocèle et plutôt que d’employer la facilité en reprenant le système Terra Trac des Lexion, Claas en a développé un neuf. En effet l’entraînement se fait par un barbotin arrière de plus grand diamètre que la roue avant du système chenillé. Il en résulte une meilleure transmission de la puissance et du couple mais aussi moins de contraintes mécaniques sur la chenille. Autre argument, la suspension est intégrale ce qui lui a valu la médaille d’argent de la DLG lors de l’Agritechnica 2017. Le prototype de l’Axion 900 Terra Trac offre à la fois les avantages d’un tracteur à chenilles en termes de traction et de protection des sols, et le confort routier d’un tracteur standard. La suspension indépendante des roues motrices, des galets et des rouleaux de maintien assure une adaptation au sol toujours optimale des chenilles. L’Axion 900 TT affiche un gabarit inférieur en largeur à celui d’une machine à pneus larges ou à pneus jumelés, avec une surface d’appui maximale. La suspension garantit un confort de conduite élevé jusqu’à 40 km/h.

Une Jaguar chenillée

Le leader mondial de l’ensileuse innove avec la Jaguar Terra Trac en proposant d’usine des chenilles intégrées à l’ensileuse afin de préserver les sols et la couche végétale. Exclusivité signée Claas, la protection de la couche végétale en fourrière intégrée à l’ensileuse permet d’ensiler sur les pâturages sans abîmer la couche végétale. Lors du demi-tour en fourrière, le poids de l’ensileuse repose sur les rouleaux de maintien centraux et une partie des chenilles se relève. La surface d’appui et la pression au sol des chenilles sont alors temporairement équivalentes à celles d’une version à roues de 800 mm de large. Selon une étude réalisée par l’Institut d’enseignement supérieur de Kiel, la réduction de la surface d’appui au sol des chenilles permet un effet de cisaillage quasiment similaire à celui d’une version à roues lors de l’ensilage d’herbe. Avec cette innovation, l’ensileuse peut être exploitée tout au long de l’année sans adaptation nécessaire. Avec des chenilles de 635 mm, la largeur sur route de cette machine reste inférieure à 3 m et elle peut rouler jusqu’à 40 km/h (selon législation en vigueur). Avec des chenilles de 800 mm, l’ensileuse conserve une largeur hors tout de moins de 3,5 mètres. Autre avantage pratique, la hauteur des chenilles inférieure à celles des roues facilite grandement le démontage ou le montage de l’éclateur par le côté.

Et le télégonflage ?

Pour limiter le tassement des sols, il n’y a pas que la chenille dans la vie! Claas est conscient du surcoût et des contraintes de la chenilles, notamment pour des engins légers et devant apporter un maximum de polyvalence. C’est pourquoi il a racheté l’un des spécialistes de la régulation de la pression des pneus, R&M Landtechnik Systeme (Allemagne). Les systèmes de régulation de pression seront désormais distribués et développés également à Paderborn par Claas Industrietechnik. Il s’agira de proposer une offre intégrée comprenant la technique de commande et de régulation que les transmetteurs rotatifs et les unités de compresseur à très fort débit d’air. Une application contrôle l’installation. Le conducteur enregistre différents profils, correspondant à plusieurs combinaisons de tracteur et d’outil porté. La pression cible, pour le champ et la route, est saisie une seule fois puis est stockée dans le système. La pression de chaque roue est mesurée puis, l’électronique adapte la pression automatiquement. Par exemple, pour les trajets perpendiculaires à la pente, seul un côté est modifié.

Dès à présent proposé en option sur tous les engins de la marque, le télégonflage est une alternative économique à la chenille.

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